dimanche 5 août 2007

La vie compliquée du Prince Parasite (chapitre II)


Si vous avez manqué le début.

II


Durant l'exposé interminable des griefs de la Reine, le Roi, qui ne pouvait en placer une, en profita pour se faire le raisonnement suivant :
"La Reine s'ennuie. Elle a envie de divertissement. J'ai quant à moi besoin de sérénité pour gouverner. Il serait judicieux d'envoyer cette hystérique en mission afin de retrouver ma royale paix.
Justement, un homme dont les enfants sont prisonniers d'une sorcière ne cesse de me harceler pour obtenir leur libération. Envoyer la Reine négocier avec la vieille folle serait extrêmement profitable tant à la réputation du royaume qu'à ma propre tranquillité. Dès qu'elle consentira à la fermer, je lui proposerai les services du chevalier le mieux membré, afin qu'elle ne puisse refuser cette mission". Et de conclure ainsi : "Hi, hi, hi, je suis vraiment le Roi le plus ingénieux de tous les contes de fées", car il avait un peu pris le melon ces derniers temps.

Séduite par la perspective d'une escapade en forêt avec ledit chevalier, la Reine accepta la mission.
En chemin, les deux émissaires apprirent à se connaître. Par la suite, leur relation s'approfondit. Ils devinrent inséparables et firent ensemble de nouvelles expériences. Et puis, avec le temps, ils se lassèrent, eurent envie de fréquenter d'autres personnes. C'est alors que leur mission leur revint à l'esprit. Ainsi, trois ans après leur départ du palais, le chevalier et la Reine prirent la direction de la Forêt des Friandises où étaient retenus Hansel et Gretel.

Pendant ce temps, au Palais, le Roi se mit en tête de faire réveiller son fils, sa bataille, afin de pouvoir établir une dictature durable. Il convoqua à cette fin la fée Chronostop. Celle-ci ne vit pas d'un bon oeil de flanquer en l'air des mois de travail et signala, à juste titre, au Roi que l'on avait jamais vu un conte de fées dans lequel on aurait purement et simplement annulé un sort. Le Roi, qui détenait un bibliothèque fournie en dossiers truculents, trouva cependant les arguments pour convaincre Chronostop de faire preuve de bonne volonté. Celle-ci concocta donc une formule magique en vertue de laquelle Parasite se réveillerait "dès qu'il recevrait un baiser d'une personne de sang royal".

Dans la Forêt des Friandises, la Reine parvint assez aisément à convaincre la sorcière bigleuse de libérer Hansel et Gretel. "Ces enfants n'engraissaient de toute façon pas", se plaignait la vieille*.
Des esprits malveillants mirent en relation le retour des enfants et la transaction " Pain d'épice contre chair fraiche "qui fut par la suite conclue entre le royaume et la sorcière pédophage. Afin de semer le trouble dans ces rumeurs, le Roi commanda à deux frères scribes le soin de romancer l'histoire des deux enfants. Cette version, selon laquelle Hansel et Gretel seraient parvenus à s'échapper grâce à leur seule ingénuosité, eut un tel succès que le peuple prit grand plaisir à se faire couillonner par notre décidément astucieux couple royal.

De retour au Palais, la Reine qui avait eu la lucidité d'y laisser trainer un oeil et une oreille, prit connaissance des manoeuvres du Roi pour réveiller leur Parasite de fils. Or non, elle ne souhaitait toujours pas avoir à s'occuper d'un prince. "Les couches, les jouets qui trainent, la crise d'adolescence et le prix des études, non merci ! " criait-elle à qui voulait l'entendre.
Chronostop fut à nouveau convoquée et rappliqua auprès de la Reine non sans renâcler. Acceptant les tonnes d'or offertes, la fée, proche de la crise de nerf, décida de frapper fort puis de s'installer fissa sur la Côte d'Azur. Pour s'assurer du sommeil éternel de Parasite, Chronostop condamna toutes les princesses nées et à venir à ne pouvoir jamais embrasser qui que ce soit.
La mesure radicale emballa totalement la Reine qui y vit une belle occasion d'handicaper ses éventuelles rivales. Car elle avait pris goût à l'amour extraconjugal.

Le Roi dut se résoudre à ne point avoir de successeur. Il trouva en revanche un excellent moyen d'utiliser sa descendance. Il fit exposer Parasite dans une salle du Palais ouverte au public moyennant un droit d'entrée exorbitant. L'attraction responsable de la paralysie de toutes les princesses passionna les souverains et les privilégiés des royaumes voisins, ainsi que l'avait imaginé le Roi.
Ce dernier profita de cette agitation pour se débarrasser discrètement des indigents et faire passer deux ou trois mesures totalement iniques de manière à attirer toujours plus les fortunes étrangères vers SON royaume.
Or, parmi ces nantis, vint un jour un prince prénommé Doubaiser, lequel pâtissait davantage encore que ses pairs du sortilège lancé par Chronopost sur toutes les princesses.
Passant devant le Palais, il décida d'aller visiter le célèbre Parasite, cause de son désoeuvrement.
A la vue de l'endormi, il fut curieusement ébranlé et comprit qu'il était en train de tomber amoureux.
Troublé par cette passion irrationnelle, il ne put s'empêcher de revenir chaque jour reluquer Parasite puis finit par acheter tous les billets d'entrée afin de ne plus être dérangé dans sa contemplation. Une fois seul avec le prince, n'y tenant plus, il l'embrassa.
Comme l'on pouvait s'y attendre, car bon sang c'est un conte, le sort lancé par Chronopost présentait une faille et Doubaiser venait de s'y engoufrer corps et âme. Parasite se réveilla donc et prononça ses premières paroles "C'est pas trop tôt! ". Il avait en effet hérité de l'impatience de sa mère et de l'agressivité de son père.
Pas mécontent du physique de Doubaiser, ce fut avec joie qu'il mit en application les douces pratiques qu'il avait vu en rêve pendant ces vingt années de sieste.

L'on aurait aimé conclure ici par la formule classique selon laquelle les deux princes se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Malheureusement, le Roi était absolument opposé au mariage homosexuel, et a fortiori à l'adoption par de tels couples. C'est pourquoi Doubaiser et Parasite durent élaborer un plan pour se débarrasser du Roi réactionnaire et de son épouse devenue folle à lier.

LA SUITE ICI


* Voir le conte Hansel et Gretel des frères Grimm


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis totalement accroc à ce conte! En + il me parle beaucoup plus que toutes ces conneries hétérosexuelles que j'ai dû me farcir petit...Bon en revanche, évite de transmettre le conte à l'Elysée, ça va encore nous faire un pataquès à la Michel R. Et puis le petit L. est trop jeune pour qu'on puisse se permettre de parler ainsi de sa sexualité future...(les pédés de droite c'est les + cochonnes...)